Nous souhaitons vous présenter un article hors du commun rédigé par Tiziano Polito pour Emballages Magazine. Il titre « QUAND MR Cartonnage Numérique LIVRERA EN 2030… Après les drones, le fabricant d’étuis de luxe se lance dans l’« In-house production ». (à lire ici)
Tiziano Polito, Rédacteur en Chef Adjoint d’Emballages Magazine, dédie un article d’anticipation à MR, dans sa rubrique « TENDANCES ».
Revenons sur cette initiative inédite, et pour une fois, intervertissons les rôles…
Interviewons Tiziano Polito et départageons le vrai du faux !
Pour commencer une petite Bio rapide.
Tiziano Polito a commencé sa vie professionnelle dans une filiale du groupe Les Echos spécialisée dans les études marketing et stratégiques avant de travailler à l’Institut français de l’emballage et du conditionnement. Depuis 17 ans, il contribue à couvrir l’actualité « de l’impression » au sens large pour la revue Emballages Magazine. Il s’intéresse en particulier à la technologie, aux machines, aux biomatériaux, à la logistique, aux problématiques d’organisation industrielle. Sa vision stratégique l’amène à développer des dossiers de prospective… cœur de notre sujet du jour.
Tout d’abord Tiziano, qu’est-ce qui vous a inspiré cet article hors norme, entre littérature SF et reportage virtuel ?
« On est dans un dossier prospective, on essaie de se projeter et d’imaginer l’avenir.
Dans ma technique rédactionnelle, je mêle l’interview de dirigeants ou d’experts d’aujourd’hui, leur vision et les avancées technologiques actuelles, pour brosser un tableau vraisemblable de 2030. Quelques pages plus tôt, je me projette sur les robots, leurs fonctions futures, les tâches qu’on pourra leur attribuer.
Je connais bien MR Cartonnage Numérique et Jonathan Mihy, on sait ce qu’ils font, d’où ils viennent et où ils veulent aller. Pour moi, MR Cartonnage Numérique est à l’avant-garde. Pour cet article, je n’avais qu’une page pour laisser entrevoir l’avenir, j’ai interviewé Jonathan Mihy et j’ai projeté mes anticipations de façon très directe et simple, comme dans une interview qui aurait lieu en 2030. »
Pourquoi 2030 ?
« Un peu par commodité, 15 ans c’est bientôt, mais en même temps c’est loin. Pas trop difficile à imaginer, et suffisamment pour envisager de vrais changements. Pour les changements importants, il faut minimum 5 à 6 ans. Entre le temps d’un développement produit, de sa mise sur le marché, de l’évolution des mentalités et des équipements etc. 2030 c’est dans 13 ans, c’est un cap réaliste. »
Votre anticipation repose sur de la fiction, du réalisme ou de la probabilité ?
« On verra en 2030, les écrits restent : il faut être prudent !
La prospective, on nous en demande tous les jours, on aime tous se projeter.
Parfois ça se réalise ; parfois on en est loin.
Par exemple, il y a 4 ou 5 ans, nous avions identifié un nouveau système d’ouverture pour un pot de confiture ou des conserves. Une ouverture sans effort, très simple et performante. Nous pensions que le système allait révolutionner le format de l’ensemble de la profession. Mais il coûtait très cher, il n’y a pas eu de solution sur le coût, 30 à 40% de plus c’est trop pour un produit.
Au delà de la bonne idée, il y a une équation économique qui se résout ou non, la réglementation qui intervient aussi, la faisabilité industrielle, le côté psychologique, les matériaux. Beaucoup de variables entrent en jeu ! Pour écrire sur la prospective il faut oser, il faut parier pour lancer de grandes lignes. »
Le titre « ORGANISATION » chapeaute votre essai d’anticipation… pourquoi ?
« MR Cartonnage Numérique fait figure de précurseur en France. Mais à mon sens, l’impression numérique va devenir une banalité.
Finalement, la nouveauté n’est plus là ! Jonathan Mihy a toujours eu une vision au-delà de l’impression, de la personnalisation ou de l’exacte quantité. Dans sa vision c’est toute l’entreprise qui est en mutation, toute la chaîne qui peut être automatisée. C’est aussi une question de la gestion des flux de l’amont à l’aval, l’appro matière, la logistique client. Je pense que l’évolution se fera beaucoup plus dans la manière de travailler, que dans l’impression numérique en elle-même. Jonathan Mihy a parfaitement intégré tous ces changements. Il réfléchit comme si le futur c’était déjà maintenant. C’est pour cette raison que nous nous sommes intéressés à lui. »
Drone, Smartwatch, Scooter Electrique, Video Conférences en Réalité Immersive, Commandes enregistrées par les clients dans le Cloud, découpeuse et raineuse Highcon, AGV (Véhicules à Guidages Automatiques)… On retrouve dans votre article de nombreux outils qui nous plongent dans votre vision futuriste, comment les avez-vous sélectionnés ?
« C’est un véritable travail d’investigation, j’ai tenté de déterminer la pertinence du matériel dans cette nouvelle organisation. C’est pour ça qu’on est pas dans la « téléportation », tout ce qui est écrit est de l’ordre du vraisemblable, du réel probable.
Par exemple, je me suis documenté sur les drones, leur autonomie, leur puissance, les distances réelles qui séparent MR Cartonnage Numérique de ses clients d’Ile de France, ce n’est pas de la fiction, c’est réalisable.
Tout ce qui est imaginé est force de valeur ajoutée pour le métier. Je crois au projet de MR Cartonnage Numérique, c’est une démarche concrète, pas pour le fun ou faire la « smart entreprise ». »
Avec toute cette organisation, production et logistique automatisées, que deviennent les hommes ?
« Demain il y aura aussi des hommes, bien sûr ! Les hommes seront bien là au niveau de la conception et de la création, l’interprétation d’un brief, la proposition de solutions. En revanche, il y a en aura de moins en moins sur les machines, il y aura des automates, des caméras, des robots, des AGV qui feront à leur place. Je pense comme Jonathan Mihy que le fait qu’il y ait moins d’hommes dans les usines, va vers la baisse de la pénibilité, vers des tâches plus nobles, plus de valeur ajoutée, plus de supervision, c’est un déplacement de compétences. Mais quand on veut faire de la qualité, il faut nécessairement des hommes pour régir tout cela. »
« Les volumes ont considérablement augmenté en production numérique, bien au-delà de la petite série », comment envisagez-vous cette possibilité ?
« C’est une vraie question. Si on remonte dans le temps, l’impression numérique impliquait une moindre qualité que l’impression traditionnelle. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. L’impression numérique a toujours été considérée comme la bonne réponse pour les petites séries. Pour les grands volumes, on se heurtait aux problématiques de coût. C’est encore vrai, sauf que l’on constate que certains imprimeurs commencent à utiliser le numérique pour les moyennes et, parfois, pour les grandes séries. Je connais un imprimeur d’étiquettes qui vient de basculer du tout flexo au tout numérique. Les paradigmes sont donc en train de changer. Et cela n’a rien d’anormal car c’est la demande qui change. Les produits ne se vendent plus comme il y a 20 ans où l’on produisait des millions d’exemplaires identiques, ils ont une durée de vie plus courte, des formats plus adaptés aux multiples modes de vie – pour la famille, les enfants, le sport, … – ; ils vivent aussi différemment, le temps d’une promotion ou d’un évènement, par exemple une fête des mères. Tout cela indique bien que l’on ne parle plus de millions mais de dizaines de milliers de produits, parfois même de centaines d’exemplaires, avec, à chaque fois des emballages adaptés … Ce phénomène est inéluctable.
Il faut envisager les choses comme des produits à options, comme pour les voitures, la Ford T est déjà aujourd’hui très loin, le marketing monolithique n’existe quasiment plus. Les outils numériques, le CRM, les réseaux sociaux, permettent déjà d’établir, pour chacun d’entre nous un véritable portrait-robot avec nos préférences culinaires, nos goûts vestimentaires, mais aussi nos allergies, notre pouvoir d’achat et toute autre information nous concernant ce qui implique que les marques ont déjà aujourd’hui les moyens pour développer des produits ultra-personnalisés. Au plan industriel cette évolution implique davantage de souplesse, dans la gestion des flux, les approvisionnements de matières premières, les process de production, mais aussi les livraisons. Tout doit être repensé de fond en comble. La clé de l’avenir est cette souplesse. »
« In-house production », « Supply chain ultime » quelles idées se cachent derrière ces termes ?
« Pour les grandes entreprises, les grandes marques, à hauteur des dirigeants, la gestion du packaging a toujours été une contrainte, souvent plus un problème qu’une solution. La production et le conditionnement sont souvent externalisés. On le voit bien dans le secteur de la pharmacie. Dans d’autres secteurs industriels, comme les conserves ou les boissons, la problématique relevant du transport d’emballages vides, donc purement logistique, a été résolue par certains en installant les usines où l’on fabrique les emballages juste à côté des usines où on les remplit. C’est ce que l’on appelle le « wall to wall ». Dans ce modèle, production rime avec livraison immédiate. Ceci sous-entend des accords de longue durée entre client et fournisseur.
L’idée de l’« In-house production », est d’internaliser la sous-traitance. Que le fournisseur s’installe dans les murs. Avec la solution numérique, ceci permettrait de produire à la commande finale. On produirait ce qui serait déjà vendu ! Plus de stock inutile, le stock c’est un coût énorme pour les entreprises et un casse-tête. Avec l’outil numérique, pas de délai, pas d’immobilisation d’outillage, c’est toute une flexibilité qui est permise. »
Alors avec un peu de recul, est-ce que le contenu de cet article vous semble toujours vraisemblable ?
« La démarche de MR Cartonnage Numérique est très claire, leur vision ne se limite pas au segment de l’impression. Ils savent où ils vont, en fonction de leurs moyens de production.
Ils sont particulièrement au fait de ce qui se passe sur le plan technologique. Ils ne rêvent pas, ils identifient des possibles et conceptualisent des solutions.
A présent tout est question de temps, on n’est pas des devins, tout est possible, la réglementation peut tout faire basculer aussi… »
Rendez-vous donc en 2030 !!
Illustration Vincent Motron
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